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Le christianisme, appel à l'héroïsme

Le christianisme est une vocation à vivre en fils de Dieu dans la condition humaine pleinement acceptée, donc à repétrir sans cesse le monde, toutes les formes sociales, toutes les institutions, de manière qu’elles donnent une image moins imparfaite de ce que doit être une communauté de fils de Dieu. Il est un appel à l’héroïsme. Il dira lui aussi, et en un sens beaucoup plus haut : l’homme est quelque chose qui doit être surmonté. Mais dépasser la nature, ce n’est pas la nier.

Jésus condamne sans appel les bonheurs au rabais et les joies faciles, nous rend le sens de notre vraie grandeur et nous apprend que c’est notre appétit du bonheur lui-même qui doit être transformé ! L’homme ne sera pas heureux pour ce qu’il aura fait ou subi, mais il commence à être heureux parce qu’il devient semblable à Dieu et il le sera complètement lorsque sa ressemblance sera devenue parfaite. Celui qui ne commence pas à être heureux pendant qu’il est persécuté pour la justice ne recevra pas le bonheur comme récompense d’avoir été persécuté…

Le premier travail du christianisme, c’est de nous faire, si bas qu’il doive nous prendre, une telle âme. Aussi ne se propose-t-il pas à nous comme une recette pour être infailliblement heureux, mais comme une initiation à la vraie grandeur.

Yves de Montcheuil, s.j. († 1944)